Google Translator

dimanche 1 mai 2011

guides de voyage lonely planet, routard, geoguide et autres: la vérité!

On se disait bien aussi... Maintenant on en a la confirmation!


Auteur de guides touristiques, Vincent Noyoux raconte, dans un livre drôle et pertinent, les dessous de ses pérégrinations des Maldives à l'île Maurice. Hôtels inspectés au pas de charge, galères, solitude, mais enthousiasme de rigueur au sujet des contrées traversées : voyage dans les coulisses d'une industrie éditoriale florissante.

 
Le top 5 des guides 
Méditerranée et grandes villes, voilà les tendances fortes du marché du guide touristique. Si Le Routard reste largement leader, avec 2,5 millions d'exemplaires vendus en 2010, devant le Michelin (15 % du marché), le Lonely Planet et le Petit Futé (10 % chacun), il le doit en partie au succès de ses "city-guides" (Londres, New York, Rome, Venise...), conséquence directe de l'essor des compagnies aériennes low cost. Top 5 pour 2010 :
1. Guide rouge Michelin France : 107 000 ex. 
2. Guide du routard Corse : 71 400 ex. 
3. Guide du routard New York : 56 000 ex. 
4. Guide du routard Maroc : 43 300 ex. 
5. Guide du routard Londres : 41 300 ex. (Source : Livres Hebdo.) 
Vincent Noyoux n'a vraiment pas de chance dans la vie : il est auteur de guides touristiques. Ce nomade professionnel passe son temps entre les Maldives et l'île Maurice. Payé, défrayé, jalousé par la terre entière. Pourtant, à l'en croire, sa vie est un enfer. Il a décidé de révéler les dessous de sa profession dans un petit livre à l'humour ravageur, que tout voyageur devrait lire avant de partir. Mais que l'on ne s'y trompe pas :Touriste professionneln'est pas un livre de renégat, à l'instar de ceux rédigés par d'anciens critiques gastronomiques du Michelin qui dénoncent un système. Non, Vincent Noyoux, 30 ans, déjà une quinzaine de Géo-GuidesGallimard au compteur, raconte plutôt comment, parti à l'assaut des plus belles plages du monde, il finit, hébété de fatigue, par s'abîmer dans la contemplation de La Roue de la fortune en polonais dans une chambre d'hôtel caniculaire... Non, notre globe-trotteur ne fait pas un métier facile. Qu'on y songe : il doit être à la fois spécialiste d'architecture religieuse romane du xiiie siècle et amateur de pizza quatre fromages, cartographe et polyglotte, versé dans la peinture florentine de la Renaissance et adepte du ski nautique. Le tout au rythme d'un pilote du Paris-Dakar qui fend des pays grands comme trois fois la France en un mois. On se rêve Bouvier ou Chatwin et l'on finit par devenir fou en essayant de noter les horaires - ô combien fluctuants... -de bus dans une gare routière écrasée de soleil du Sud tunisien : "Six par jour, neuf le samedi, huit le dimanche et tous les jours environ huit, mardi deux et cinq pendant le ramadan", explique le guichetier impavide... 
Le métier offre, il est vrai, de grands moments de solitude. Dîner seul au restaurant sous les assauts d'un crooner philippin roucoulant ; subir les explications interminables d'un guide devant un mannequin de cire aux cheveux décollés d'un musée de la batellerie wallon ; manquer d'être dévoré par une harde de cochons sauvages corses... A l'arrivée, résume notre voyageur déprimé, "on parle d'hôtels dans lesquels on n'a pas dormi et de restaurants dans lesquels on n'a pas mangé. De musées qu'on a visités au pas de course et de vieilles villes dans lesquelles on s'est perdu. De pays qu'on n'aime pas et d'autochtones qui vous regardent de travers."  
Savoir lire son guide entre les lignes
Problème : un certain esprit "touristiquement correct" - allié à un sens du commerce bien compris... - veut que toutes les contrées présentées dans les guides soient "formidables". Alors, à l'image des annonces immobilières, il faut savoir lire son Routard ou sonLonely Planet entre les lignes. Exemples : une "ville qui se mérite" sera le plus souvent une cité industrielle défigurée par le béton ; un "musée modeste" a toutes les chances de ne proposer que deux fossiles et un pressoir ; et l'"adorable couple de retraités" de la B & B du Connemara risque bien de vous raconter en détail le mariage de ses six enfants dans un salon sinistre, alors que vous ne rêvez que landes fauves et grands ciels... 
Au-delà de ces expériences savoureuses, le livre de Vincent Noyoux dresse aussi, en creux, un état du monde au temps du tourisme généralisé. Un monde où chaque commune française finira par avoir son musée du papillon et sa réserve de bisons. Un monde où des hordes d'Occidentaux en tongs s'affalent dans des fauteuils de Starbucks Coffee. Un monde où nous sommes tous, peu ou prou, des "touristes professionnels". Heureusement qu'il reste encore les bus du Sud tunisien pour instiller un peu d'aventure à nos vies... 

Aucun commentaire: